Pondichéry se passionne pour la présidentielle

Publié le par Senorita Egila Del Costa Brava


PONDICHERY (AFP) - Pondichéry n'est plus français depuis 53 ans mais la présidentielle passionne ce territoire du Sud de l'Inde où les questions d'identité nationale, de protection sociale et du déclin de la France trouvent un écho auprès des 7.000 Tamouls de nationalité française.

L'ancien comptoir français, rendu à l'Inde en 1954 après trois siècles de colonisation, a connu un séisme électoral au premier tour: Ségolène Royal est sortie en tête. Avec un taux de participation de 45,86%, la socialiste a réuni 36,33% des voix contre 34,46% pour son rival de droite, Nicolas Sarkozy. Du jamais vu à Pondichéry, terre de gaullistes de père en fils. Les Pondichériens furent les premiers à répondre à l'appel du général De Gaulle du 18 juin 1940. En 1963, 7.000 Indiens tamouls de ce territoire avaient opté pour la nationalité française. Par la suite, beaucoup feront carrière dans l'armée française ou dans la fonction publique. Et "l'héritier du gaullisme, c'est Sarkozy", assure Vajoumouny Shankar, conseiller UMP (droite) à l'assemblée des Français de l'étranger. Mais l'élection de 2007 à Pondichéry "c'est tout sauf Sarkozy", relève Claude Marius, rédacteur en chef du journal francophone Le Trait-d'Union et pilier de cette communauté singulière de 7.000 citoyens français, dont 80% ne parlent pas un mot de français et n'ont jamais mis les pieds en métropole. "Sarkozy fait peur", poursuit le géologue à la retraite. La loi de 2006 sur l'immigration et ses dispositions sur les mariages entre Français et étrangers sont très mal passées à Pondichéry. "En Inde, la plupart des mariages sont arrangés", rappelle M. Marius, expliquant que sur les dizaines de milliers de Pondichériens résidant en France "beaucoup reviennent chercher des femmes indiennes". Soupçonnant "des mariages blancs, le consulat a bloqué plusieurs unions", accuse-t-il. Autre enjeu électoral, la question des visas pour des familles dont certains membres sont Français et d'autres Indiens. "On a dit aux gens: 'Ne votez pas Sarkozy parce qu'il va bloquer les mariages de vos enfants et vos familles indiennes n'auront plus de visas'", raconte M. Marius. Le responsable du parti socialiste local, Manuel Velangany, reconnaît avoir "prévenu les électeurs des menaces qui planent sur les mariages mixtes". A coups de réunions publiques, porte-à-porte et professions de foi en français et en tamoul, il a aussi promis "l'augmentation des salaires, la revalorisation de 5% des retraites et l'augmentation de l'aide sociale". "On est Français à part entière, on est des patriotes", revendique M. Velangany, sous-officier à la retraite de l'armée française et fils d'ancien combattant. Ce thème de l'identité nationale résonne très fort à Pondichéry. "Sarkozy est le seul capable de défendre l'identité nationale", plaide Lourdes Tirouvanzian-Louis, ancienne professeur de français. Au contraire, "avec Sarkozy, on a peur d'être considérés comme des Tamouls étrangers alors que nous sommes Français d'une France multiculturelle", rétorque Marie-Joëlle Primoguet, enseignante.

 Les questions d'identité sont d'autant plus sensibles à Pondichéry que personne n'arrive à se définir: "Franco-Pondichérien", "Indien de nationalité française" ou "Français d'origine indienne". En tout cas, ces Français du bout du monde s'entendent sur un point: "La France n'est plus dans le coup ici, elle ignore totalement l'Inde, un pays en pleine croissance", déplore M. Marius. "Même si loin de France, les gens sentent le désarroi du pays, le déclin de la France", relève aussi Albert Rollin, directeur du Trait-d'Union. Pourtant, "même les tamoulophones sont Français de coeur. Ils portent en eux une certaine idée de la France", assure-t-il.

Article diffusé sur Yahoo Actualités par Nicolas Revise (30/04/07)

Publié dans Actualités

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I
Article trés intéressant pour connaitre la sensibilité présidentielle à Pondi.
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